lunedì 9 giugno 2014

"La marche": le droit à l'appartenance



"La Marche" (2013), réalisé par Nabil Ben Yadir, retrace l'extraordinaire Marche pour l'égalité et contre le racisme, qui est partie avec 32 manifestants à Marseille le 15 octobre 1983 et s'est achevée avec un cortège réunissant plus de 100 000 personnes le 3 décembre à Paris.

La marche, puis appelée la "Marche des Beurs", a montré le visage des beurs (arabe en verlan), les enfants fils des immigrés du Maghreb, qui réclament leur droit d'appartenir au pays où ils sont nés et ont grandi, mais qui à l'époque était le théâtre d'incidents xénophobes et crimes racistes.
Contre l'image d'une France repliée sur soi-même et en réaction à la montée du Front national, les manifestants s’inspirent aux modèles pacifistes de Gandhi et Martin Luther King. L'effet sur les médias sera très fort: le président François Mitterrand recevra à l'Elysée une délégation de huit participants et garantira aux immigrés le permis de séjour de dix ans et des sanctions plus sévères contre les auteurs de crimes racistes.
L'esprit de la marche a eu une forte dimension identitaire, en suscitant chez la génération issue de l’immigration l’espoir d’une reconnaissance par la société française, désormais multiculturelle, en montrant ces identités hybrides qui vivent entre deux cultures et deux langues…

Juste quelques jours après le début de la Marche, un nouveau crime raciste se consomme: la nuit du 14 Novembre 1983 sur le train Bordeaux - Vintimille, trois jeunes Français 
défenestrent un touriste algérien de 26 ans, Habib Grimzi, sous les yeux des autres passagers qui assistent sans intervenir. L'incident a inspiré le roman Point kilométrique 190 de l'écrivain français, né en Algérie, Ahmed Kalouaz, qui raconte ce voyage tragique à travers le personnage de Sabine, une journaliste qui fait le même trajet que Habib, un an après sa mort.

Personne n’a bougé et, pourtant, j’entends l’autre témoin dire qu’ils étaient cinq dans un compartiment à regarder le manège des soudards. […] B. ouvre la porte donnant sur la voie. Le train roule à 140 km/heure, il fait nuit noire, H.G. résiste, essaie de se débattre mais en vain. Tout le monde pousse, il est 0 heure 15, H.G. percute le ballast et meurt, le corps fracassé. […] Quelque part, ils ont cru comprendre qu’un arabe ça peut se mutiler, se flétrir, s’assassiner avec sang-froid. (Ahmed Kalouaz, Point kilométrique 190, Paris, L’Harmattan, 1986, p. 40 e p. 45)

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